Courrières
- Paroles : Benoît HEBERT, 2012
- Musique : Solène DUPARC
- Le 10 mars 1906, tout le bassin de Courrières, près de Lens, est dévasté par un coup de grisou et de poussier. Le patronnat décide de combler la mine , l'incendie dans les 110 kms de galeries menaçant de détruire toutes les infrastructures. Des centaines de mineurs sont pris au piège, au fond... Leurs veuves seront expulsées des corons. Courrières, qui a apporté à la langue française le mot chti "rescapé" (= réchappé), reste la plus grande catastrophe minière que l'Europe ait connue.
(video)
Depuis des jours déjà, le feu ne faiblit pas
Les fumées s’accumulent au fond des souterrains
Depuis des jours déjà, ça sent le gaz en bas
Le danger est présent, le risque est menaçant
Cessons l’activité !... demandent nos délégués
Principe de précaution dont se moque le patron
Nous sommes dix-huit cents à travailler sous terre
A brûler nos poumons pour gagner une misère
Refrain:
La mémoire sélectionne tout ce qu’elle abandonne
La mémoire fait le tri, choisit ce qu’elle oublie
L’abandon de ces hommes et l’oubli de leurs cris
Les accès sont bouchés, nous voilà prisonniers
On afflue de partout pour nous sortir du trou
La vie est suspendue, combien de disparus ?
Mais au bout de deux jours, la direction bloque tout
Stoppez l’arrivée d’air pour stopper l’incendie!
Tant pis si les secours ne peuvent plus descendre
Tant pis si les mineurs ne peuv’nt plus remonter
Préserver le gisement au mépris de la vie!
Refrain
Refusons d’travailler tant que l'on peut sauver
Les copains emmurés, camarades sacrifiés
La colère, la fureur envahissent les corons
La grève, les défilés, la solidarité
Clémenceau réagit et il envoie l’armée
Vingt-mille hommes entraînés, ça ne va pas traîner
La répression s’abat sur la chair à patrons
Faire taire les opprimés, faire taire les ouvriers
Refrain
Trois s’maines après le drame, ils furent treize morts-vivants
A trouver dans la nuit le chemin d’ la sortie !
Et quatre jours plus tard, les pompiers purent sauver,
Revenu de l’enfer, un dernier rescapé
Plus de mille-deux-cents morts : Qui se souvient encore ?
De l’enfer de Courrières, de l’envers du décor
D’un patron assassin, d’un pouvoir qui soutient
Refusons d’oublier ces gueules noires sacrifiées…
Dernier refrain:
Refusons d'oublier, refusons d'oublier!
Refusons d'oublier, refusons d'oublier!
Refusons d'oublier ces gueules noires sacrifiées!